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Aux confins des empires

Cartes et constructions territoriales dans le nord de la péninsule indochinoise (1885-1914)


Histoire contemporaine



Au milieu des années 1880, les marges septentrionales de la péninsule Indochinoise sont soumises à une double conquête coloniale, celle de l'Annam et du Tonkin par les Français, et celle de la Haute-Birmanie par les Britanniques. Aux explorations fluviales s’ajoutent la délimitation des frontières et la cartographie régulière des territoires sous l’égide des différents services géographiques. Diplomates chinois, siamois et européens négocient dans les capitales et dans les montagnes, sous la tente. Topographes européens et indiens arpentent les routes et les sentiers pour lever les itinéraires et mesurer l’espace. Ils s’enquièrent auprès des habitants du juste toponyme, collectent et font traduire des cartes autochtones, interrogent leurs guides, les chefs locaux et les marchands venus de Chine.

Ce livre retrace les politiques institutionnelles, les pratiques de terrain et les constructions territoriales qui en découlent. Par une étude croisée de la cartographie dans ces espaces, il met en lumière le statut central d’un territoire spatialement périphérique, à propos duquel on a pu parler d’une « géographie de l’ignorance ». À rebours de quelques idées reçues, il montre que les cartes ont un pouvoir limité, même en contexte colonial, si l’on accepte de dépasser les discours pour observer les modalités de leur production et leurs différents usages.