Dans la grande tradition républicaine européenne, la France ferait-elle figure d'exception, par le contenu qu’elle aurait donné à son républicanisme ? Et ce contenu se distinguerait-il avant tout par son insistance particulière sur la question de la justice sociale et de l’égalité des conditions ? Nous ne prétendons pas que l’existence d’une spécificité, ni même, a fortiori, d’une exception républicaine française soit réglée à l’issue du parcours que propose l’ouvrage. Il réunit néanmoins certains éléments importants du dossier, qui montrent que par un recours à la souveraineté populaire et par une action politique en faveur de formes plus ou moins fortes d’égalitarisme, la tradition républicaine française revêt, à bien des égards, une radicalité particulière. Il s’agit de montrer que le paradigme du « républicanisme » qui a envahi l’histoire des idées politiques depuis Pocock reste largement tributaire d’un point de vue anglo-saxon et permet mal de rendre justice au républicanisme français du XVIIIe siècle, lequel se caractérisait par son insistance sur la nécessité d’une répartition des richesses à peu près équitable.