Les élites urbaines se déclinent sur le mode comparatif ; l'étude des mots, dans leur diversité temporelle et spatiale, le montre bien : plus nobles, plus riches, plus savantes, etc. que les autres, bien que ces diverses formes de domination ne suffisent pas toujours à établir fermement leur contrôle sur le pouvoir urbain. Sont dégagées, notamment en Italie, les évolutions de l'oligarchie urbaine, contrôlée d'abord par les milites et les vassaux de l'évêque ou du comte, puis par les grands marchands, enfin par les serviteurs du prince lorsque celui-ci s'affirme. La méthode prosopographique précise les contours fluctuants de ces élites, dévoile les modalités de leur renouvellement – appuyées sur des stratégies complexes matrimoniales, commerciales, culturelles et politiques –, les hiérarchies et les conflits internes. Les pratiques de légitimation et de représentation du pouvoir dans et sur la ville, parmi lesquelles le jeu subtil de la renommée joue un rôle prépondérant, contribuent aussi à mieux cerner l'image d'eux-mêmes forgée par les puissants, mais aussi acceptée, non sans difficultés, par l'ensemble de la société urbaine.