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L'invention du Hottentot
Histoire du regard occidental sur les Khoisan (XVe-XIXe siècle)
Libres cours
Dès leur rencontre avec les Européens, les habitants du Cap de Bonne-Espérance, à l'extrémité de l’Afrique, entrent en littérature. Visités par tous les navigateurs en route pour l’Orient, côtoyés par les résidents de la colonie, les Khoisan suscitent un intérêt démultiplié dont on rencontre l’écho dans les récits de voyage, les lettres de la Renaissance portugaise, les débats philosophiques sur l’origine des langues et des peuples, l’anthropologie des Lumières, ou encore la raciologie. Ainsi s’élabore, entre la fin du XVe et la fin du XIXe siècle, la figure du Hottentot. Une figure qui occupe une place centrale sur la scène de l’Ailleurs. Jouant les rôles, souvent paradoxaux, de l’homme premier ou liminal, de l’ignoble et du noble sauvage, le Hottentot a une histoire, qui l’éloigne des réalités africaines. Il devient un être sans chair, un sauvage de papier ô combien utile et manipulable. Du village néerlandais du Cap aux salons parisiens, des ateliers de gravure aux cabinets de dissection, des livres de bord à l’Encyclopédie, cet ouvrage retrace le destin d’un sauvage idéal.
Avant-propos à l'édition de 2018
Introduction
Abréviations
Chapitre 1. À la croisée des routes et des imaginaires (fin XVe siècle-début XVIIe siècle)
L'invention de l’Afrique australe. Survivances classiques et médiévales dans le premier regard européen
Une aventure portugaise (fin XVe-début XVIe siècle)
Premières rencontres : les ressorts d’une réputation
Relectures et transfiguration d’un massacre (1510-1572)
La diffusion des savoirs et représentations vers l’Italie et l’Allemagne
Transmission et transformation des savoirs au temps des premiers voyages non portugais
Chapitre 2. Répertoire d’une rencontre avec des Sauvages (des années 1590 aux années 1630)
Les termes de l’échange entre Européens et Africains
Métamorphoses de la figuration des Khoikhoi au temps du premier voyage néerlandais (ca 1595)
La banalisation des voyages européens vers l’Orient et les mutations du regard
La genèse d’un genre : le portrait des habitants du Cap
Variations (I) : le physique des habitants du Cap
Variations (II) : la langue des habitants du Cap, ou la course aux métaphores
Variations (III) : vêtements, ornements et enduits
Variations (IV) : l’homme aux boyaux
Variations (V) : le cru et le pourri
« Les plus misérables Sauvages qui aient été jusqu’à présent découverts »
Le civilisé et son sauvage
Chapitre 3. Voyageurs et résidents dans l’intimité des « Hottentots »
Un lieu de mémoire : 1652
Un nom pour les « Sauvages du Cap » : la naissance ethnonymique des « Hottentots »
Naissance de l’individu, ou le manque à civiliser
Le sexe des Hottentots
Continuité du portrait chez les voyageurs
Chapitre 4. Les Hottentots coloniaux au centre d’un jeu de miroirs (1652-vers 1713)
Le Cap, son fort, son village, ses habitants
Idéologie et imagerie de la colonisation
Le statut des Hottentots dans la société coloniale
Le regard d’un particulier : Johann Schreyer
Les lieux de production et d’échange de l’image
Vers un noble et un ignoble sauvage
Chapitre 5. Les Hottentots à l’avant-scène : la réception européenne d’une image (vers 1668-vers 1740)
D’une scène à l’autre
Olfert Dapper (1668), des sources à l’œuvre
Les Hottentots dans la République des Lettres (ca 1690-ca 1705)
Le Hottentot de Peter Kolbe : une figure des Lumières
Chapitre 6. Les destins d’un sauvage paradoxal au siècle des Lumières
La colonie du Cap de Bonne-Espérance au XVIIIe siècle et les aléas de la demande d’informations
Gulliver au pays des Hottentots
« Tquassouw et Knonmquaika », ou les détournements d’un Hottentot fictif
À propos de l’état de nature chez Rousseau (1755), ou le Hottentot nostalgique
Deux voyageurs éclairés au Cap de Bonne-Espérance : La Caille et Bernardin de Saint-Pierre
La banalisation de la figure du Hottentot en Europe : « monstre » ou « bon sauvage » africain ?
Chapitre 7. Le corps des Khoisan sous le regard des naturalistes et des anthropologues
Retour sur Robert Jacob Gordon
Les Khoisan rattrapés par les naturalistes
Le corps des Khoisan (I) : Le Cap, 1804
Le corps des Khoisan (II) : les destins d’une « Vénus stéatopyge » (Paris, 1815-1816)
Le corps des Khoisan (III) : Londres, 1816
Le corps des Khoisan (IV) : Berlin, 1834
Le corps des Khoisan (V) : Philadelphie, décennies 1840-1850
Le corps des Khoisan (VI) : retour à Paris, 1854
Le corps des Khoisan (VII) : Boston, 1862-1863
Le corps des Khoisan (VIII) : Londres, 1863-1867
Le corps des Khoisan (IX) : Ulm et Tübingen, 1866-1869
Le corps des Khoisan (X) : décennie 1870
Le corps des Khoisan (XI) : Berlin-Paris-Munich, 1886-1887
Le corps des Khoisan (XII) : le Jardin d’acclimatation, 1888-1889
Conclusion
Sources et bibliographie
Index des noms
François-Xavier Fauvelle
François-Xavier Fauvelle est historien de l'Afrique. Directeur de recherche au CNRS, il est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages sur l’histoire de l’Afrique, notamment une Histoire de l’Afrique du Sud (Le Seuil, 2006, réédition « Points » 2013), Vols de vaches à Christol Cave (avec J.-L. Le Quellec et Fr. Bon, Publications de la Sorbonne, 2009), Le Rhinocéros d’or. Histoires du Moyen Âge africain (Alma, 2013), À la recherche du sauvage idéal (Le Seuil, 2017).
Jean-Loïc Le Quellec, François-Xavier Fauvelle, François Bon
Locus Solus n° 2
C'est une peinture rupestre cachée dans un abri rocheux d'Afrique du Sud. À notre gauche, les assaillants, s'enfuyant après leur forfait ; à notre droite, les victimes, poursuivant leurs agresseurs en brandissant lances et boucliers.
François-Xavier Fauvelle
Histoire moderne
Collaborations intellectuelles ou scientifiques :
François-Xavier Fauvelle, Claude-Hélène Perrot
Les Classiques de la Sorbonne
« Il est évident que la tradition orale, source qui n'est jamais unique, mais souvent essentielle, est d’un maniement particulièrement délicat. Elle est pleine de traîtrises, mais non pas pauvre, tout au contraire. À s’affronter longuement avec elle, on fixe peu à peu des règles empiriques qui permettent de l’utiliser à bon escient.»
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