Dès leur rencontre avec les Européens, les habitants du Cap de Bonne-Espérance, à l'extrémité de l’Afrique, entrent en littérature. Visités par tous les navigateurs en route pour l’Orient, côtoyés par les résidents de la colonie, les Khoisan suscitent un intérêt démultiplié dont on rencontre l’écho dans les récits de voyage, les lettres de la Renaissance portugaise, les débats philosophiques sur l’origine des langues et des peuples, l’anthropologie des Lumières, ou encore la raciologie. Ainsi s’élabore, entre la fin du XVe et la fin du XIXe siècle, la figure du Hottentot. Une figure qui occupe une place centrale sur la scène de l’Ailleurs. Jouant les rôles, souvent paradoxaux, de l’homme premier ou liminal, de l’ignoble et du noble sauvage, le Hottentot a une histoire, qui l’éloigne des réalités africaines. Il devient un être sans chair, un sauvage de papier ô combien utile et manipulable. Du village néerlandais du Cap aux salons parisiens, des ateliers de gravure aux cabinets de dissection, des livres de bord à l’Encyclopédie, cet ouvrage retrace le destin d’un sauvage idéal.