Cet ouvrage est une réédition dans la collection « Les Classiques de la Sorbonne » d'un ouvrage important paru en 1995. Pendant plus de trois siècles, les plus humbles représentants du peuple urbain ont inspiré des oeuvres littéraires et d'abondantes interprétations iconographiques mobilisant artistes de renom, « petits-maîtres » et graveurs d’estampes anonymes. Cette diversité et la permanence de l’engouement suscité par les Cris de Paris sont loin de s’expliquer uniquement par l’omniprésence des marchands ambulants dans la ville ancienne. L’historiographie du XIXe siècle, les ouvrages érudits des amateurs nostalgiques du vieux Paris et les catalogues contemporains inspirés par les Cris n’ont pas épuisé leur signification historique. La longévité du thème et son succès auprès de publics socialement divers renvoient-ils simplement à un phénomène de mode ou à l’éveil d’une curiosité à l’égard des conditions de vie des humbles ? Quelles significations esthétiques et sociales, morales et idéologiques, donner à la succession des manières de traites les Cris de Paris à travers le temps ? Et pour répondre à cela, ne convenait-il pas de s’émanciper d’une lecture illustrative de ces imprimés très souvent utilisés comme simple reflet d’une vie populaire restée « fragile » ?
Introduction. Pour une histoire rénovée des Cris de Paris : les faux semblants de la célébrité
Chapitre premier / Ce que furent les Cris de Paris
Les Cris au miroir des métiers
Si c'est ça, la vie que tous les pauvres font
Nos primitifs
Les impasses de la source-reflet
Chapitre deux / De nouveaux partages culturels
La genèse des versions littéraires
Une position marginale dans le fonds de colportage
La popularité par l'image
Échanges techniques et diversification des supports
L'affirmation de stéréotypes iconographiques
Chapitre trois / Usages et consommations
La difficile reconstitution des publics
Quels usages ?
L'art du collectionneur
Chapitre quatre / Les Cris de Paris, miroirs de quelle réalité ?
Un texte immobile ?
Costume et réalité (1) : le retard de l’estampe
Costume et réalité (2) : l’image atténuée de la misère
Chapitre cinq / Une inlage du monde du travail : la marge et le rêve
La parole du crieur
Le travail sans le geste
L’impossible identité ou comment rêver le peuple ?
Chapitre six / Images de la ville
Un guide et une figure du spectacle urbain
Une image sonore de la ville
La lente affirmation d’un type social urbain
Chapitre sept / Le peuple travesti
La domestication
La liberté du masque
De la nature du peuple
Chapitre huit / La langue du peuple apprivoisée ?
Le corps et la parole
Parler comme l’on est, être comme l’on parle
L’exotisme du peuple
Chapitre neuf / Cris en Révolution
Disparition des Cris, naissance du Peuple ?
Cris en révolution et « faiseurs » de cris
Le cri-citoyen
Conclusion. Les silences du peuple
L’efflorescence des Cris
Le manchon de la vendeuse de mottes, ou comment idéaliser le peuple
« Masques et bergamasques »
Un « Ancien Régime des représentations sociales » ?
Sources et orientation bibliographique
Index des noms de personnes
Table des tableaux et des graphiques
Table des illustrations
Table des matières