L'ouvrage part du constat que de nombreux diplômés de BTS ou de DUT poursuivent leurs études, en vue de l'obtention d'un diplôme de second ou de troisième cycle, et démentent ainsi la vocation initiale de ces filières qui était de conduire les étudiants à un emploi au terme de deux années d'études. Au plan méthodologique, l'auteure récuse la théorie économique libérale comme cadre d'analyse approprié au phénomène : assimilant l'étudiant à un chef d'entreprise et sa formation à un capital, la théorie du capital humain conseillerait bien plutôt à un étudiant qui aurait mal orienté ses premières années d'études supérieures de les arrêter immédiatement. Là n'est pas le choix des étudiants de ces filières. L'analyse en termes de stratégie des acteurs s'avère plus pertinente. En l'espèce, il s'agit d'une décision séquentielle permettant aux intéressés tout à la fois de réduire l'incertitude à laquelle ils sont confrontés et d'optimaliser leurs choix. Cherchant à combiner stratégie de formation et stratégie d'"employabilité" combinant minimisation des risques (d'échec en filière universitaire) et maximisation des transferts de techniques et de compétences, les diplômés choisissent de réaliser deux années d'études courtes dans des filières sélectives avant de s'orienter vers des études universitaires plus longues. L'approche en termes stratégiques et séquentiels permet ainsi d'expliquer l'essor et la diversité des stratégies de poursuite d'études des diplômés de BTS et d'IUT.