Au début du XXe siècle, la Roumanie se place dans les relations financières internationales parmi les États emprunteurs. La situation économique désastreuse causée par les dévastations de la guerre et les besoins de reconstruction du pays, les lourdes dettes que le pays a dû contracter, les dépenses de guerre et celles imposées par l'occupation allemande rendent la situation financière de l'État roumain extrêmement difficile. Le besoin de capitaux est la pierre de touche de toute l'économie roumaine d'après-guerre. Pays émergent au début des années 1930, dépendant presque exclusivement des exportations de matières premières pour honorer le service de sa dette publique extérieure, la Roumanie est touchée de plein fouet par la crise économique. La récession, les mouvements brutaux des taux d'intérêt réels, la chute spectaculaire des prix des matières premières et la résurgence des mesures protectionnistes de la part des pays créanciers sont le point de départ des difficultés de son service de la dette. Le défaut de l'État roumain intervenu en 1933 ainsi que d'autres événements politiques et monétaires caractérisant l'entre-deux-guerres influencent la manière dont le marché parisien des emprunts roumains évalue le risque de ces titres. L'analyse de ce risque par l'étude de la volatilité des emprunts roumains montre que ces obligations sont loin d'être un placement « père de famille » mais plutôt des titres fortement volatils, caractérisés par les mêmes faits stylisés que les séries financières contemporaines. Ce livre tente donc d'offrir une grille d'analyse intemporelle de la dette de marché d'un État souverain, émise et négociée à l'étranger. Il se propose ainsi d'apporter une modeste contribution pour une meilleure compréhension tant de la dette souveraine d'un pays en voie de développement, que du fonctionnement des marchés financiers.
Après un doctorat en sciences de gestion, spécialisation finance, obtenu à l'université d'Orléans en décembre 2002, Loredana Ureche-Rangau a été professeur assistant de finance à l'Ieseg School of Management Lille avant d'être nommée maître de conférences à l'université de Picardie Jules-Verne en 2007. Ses travaux portent sur la volatilité des marchés financiers, la finance historique et notamment les obligations souveraines en défaut, la modélisation et l'économétrie des séries financières.