L'image, ou plutôt les images et les représentations, qu’elles soient matérielles ou mentales, sont au centre des essais réunis dans ce volume, qui couvre un vaste domaine allant du cinéma soviétique aux addictions, des imaginaires parisiens aux feuilletons télévisés, des figurations du crime aux mises en scène de l’histoire, et s’articule autour d’une même notion, celle de « circulations ».
Les circulations se déploient entre les supports, passant de l’écrit et de la scène à l’écran, du cinéma à la télévision ; d’autres s’opèrent d’un siècle à l’autre, des chroniques judiciaires du XIXe siècle et des faits divers criminels passés à la télévision des années 1950 et 1960. Circulations des créateurs aussi, qui arpentent le passé au tamis de leur sensibilité et de leurs mémoires multiformes, s’inspirant de ce qu’ils ont vu ailleurs, avant, et se transportant d’un espace à un autre, accompagnés de leurs souvenirs. Circulations, encore, des personnages de feuilletons télévisuels, amalgamant traces documentaires et construction fictionnelle. Circulations des représentations et des usages, enfin, propageant les oeuvres auprès des publics qui les lisent, les voient ou les entendent, selon des dispositifs de médiation kaléidoscopiques par lesquels le lecteur, le spectateur et l’auditeur d’une même oeuvre n’accèdent jamais tout à fait à une même adaptation. Au gré des retraitements et des modifications, c’est bien une épistémologie des circulations qui s’élabore, dans le sillage des recherches menées par Myriam Tsikounas, et permet de comprendre que, au coeur de l’Histoire, l’image, qu’elle soit fixe ou animée, est toujours mobile.