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Une histoire renversante de la balançoire

Une histoire renversante de la balançoire


Homme et société



De la Grèce antique à la Chine impériale, comment expliquer que des cultures si différentes et si éloignées, géographiquement et historiquement, aient pu partager des mythologies et des rituels similaires, impliquant souvent que soient fabriqués des objets fonctionnellement identiques – en l'occurrence un dispositif permettant tout simplement de se balancer ?
Javier Moscoso se livre à une enquête sur l’oscillation et l’universalité de la balançoire, ainsi que sur les circonstances qui ont déterminé ses usages, pour proposer une véritable « archéologie du visible », une mise au jour de cet objet du quotidien, de ses significations et des métaphores qu’il sous-tend, du balai de la sorcière au yoga, du gibet à la fête galante.
À l’intersection de l’histoire des émotions, de la philosophie politique, de la psychologie sociale et de l’histoire de l’art, l’histoire de la balançoire tend à suggérer des usages distincts entre ceux, masculins, liés au jeu, et ceux, majoritairement féminins, associés aux pratiques rituelles. Dans le même temps se dessine l’histoire d’une expérience, celle qui consiste à provoquer l’altération du système vestibulaire, responsable de notre sens de l’équilibre, pour induire à dessein le vertige, la désorientation, voire l’angoisse. Saisir la corporéité de cette expérience, chercher les liens entre la dimension psychologique et l’expression somatique de ces affects, entre l’art et la vie, le rituel et la connaissance, la culture et le jeu : l’histoire de la balançoire est aussi celle d’un refuge émotionnel.

Javier Moscoso

Javier Moscoso est directeur de recherche en histoire et philosophie des sciences à l'Institut d’histoire du Conseil supérieur de la recherche scientifique à Madrid. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages et articles, a été commissaire d’expositions aussi bien en Espagne que dans d’autres pays. Pour Histoire de la douleur, XVIe-XXe siècle (Les Prairies ordinaires, 2015), il a reçu le prix Libr’à nous des libraires.