La résilience est, depuis près d'une dizaine d’années maintenant, l’objet d’un engouement au sein du monde de l’aide. Définie comme la capacité des communautés à faire face aux chocs, mais aussi à s’y préparer, voire à les éviter et s’y adapter sur le long terme. Elle possède une ambition forte, plus encore que la lutte contre la pauvreté et contre la vulnérabilité. En parallèle, elle est présentée comme une rupture paradigmatique dans le champ du développement. Elle serait un moyen pour mieux lier les temporalités de l’urgence et du développement, pour mieux coordonner l’appui, pour mieux tenir compte des représentations et des pratiques locales. Elle permettrait donc, in fine, d’accroître le ratio coûts-bénéfices et la durabilité des effets d’une intervention, et de mieux assurer la viabilité des systèmes. Sans méconnaître la force et la pertinence de ces critiques, le point de départ de cette revue est différent dans la mesure où il se fonde sur un constat simple : que l’on s’en inquiète ou s’en félicite, la résilience est, dans les années 2010, incontournable dans les discours et dans les programmes. Sa mobilisation, ne serait-ce que comme rhétorique, constitue un passage obligé pour obtenir des financements auprès de nombreux bailleurs nationaux et multilatéraux. C’est donc désormais l’usage qui en est fait qui doit être interrogé, et ce à deux niveaux : comment l’évaluer, concrètement ? Et quel changement implique-t-elle dans les programmes et dans les politiques qui s’en réclament ?