Les chercheurs en sciences humaines et sociales s'interrogent depuis une vingtaine d'années sur leurs disciplines et leurs pratiques. L'histoire médiévale n'échappe pas à ce phénomène, même si, contrairement à l'Allemagne, l'historiographie française a davantage produit des bilans qu'une réelle réflexion sur les institutions, les acteurs de la recherche et les pratiques. Ce questionnement épistémologique, qui est au cœur du XXXVIIIe Congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public, dépasse toutefois les seuls professionnels de l'Histoire, puisqu'il s'agit de réfléchir à ce que représente le Moyen Âge aujourd'hui : la demande sociale envers les médiévistes est plus forte que jamais et se nourrit à la fois du succès de mondes imaginaires, qui s'inspirent ouvertement de lui, et de la recherche d'une identité locale dans un passé millénaire.
L'émergence de nouvelles modalités d'élaboration du savoir, en particulier par le décloisonnement des disciplines – les relations entre archéologie et histoire des textes, entre histoire médiévale et littérature, géographie et sciences sociales – tout comme l'examen des formes de sa diffusion
– comment enseigner l'histoire médiévale ? – sont autant de défis pour les médiévistes du
XXIe siècle.
Par ailleurs, les bouleversements provoqués par la révolution numérique touchent directement le travail des historiens. Plusieurs contributions offrent un regard neuf sur les mutations déjà à l'œuvre dans les pratiques en raison de l'informatisation, de la numérisation et de l'utilisation d'Internet : quelles sont les nouvelles relations entre les médiévistes et l'image à l'époque de l'écran global ? Quels sont les enjeux du tournant numérique dans l'édition et l'étude des textes manuscrits ?
Les organisateurs ont voulu mener ces réflexions non dans le seul cadre national, mais en associant à leurs travaux les représentants d'autres sociétés de médiévistes venus d'Europe, mais aussi d'Amérique latine, avec lesquels plusieurs établissements d'enseignement supérieur et de recherches ont tissé des liens forts depuis de nombreuses d'années. En effet, le Moyen Âge n'est nullement la
« propriété » de la vieille Europe, bien qu'il soit pour elle une référence identitaire évidente.