Si la littérature et le cinéma ont nourri une réflexion approfondie sur la fiction, d'autres domaines liés aux arts visuels sont largement restés inexplorés. Ainsi l'exposition peut recourir aux fictions canoniques (vidéo, cinéma, dispositifs textuels), mais aussi à l'image fixe, l'installation ou la performance. Quelle est l'importance respective de chacun de ces éléments en rapport avec la fiction ? Que produisent leurs éventuelles cohabitations ? Quelle est la place dévolue au « scénario », celle relative au concepteur ou au visiteur de l'exposition ?
Deux lieux communs informent massivement l'art contemporain dans son rapport à la fiction. Le premier consiste à qualifier l'œuvre d'art comme suspendue entre réalité et fiction. Le second justifie cette indétermination comme une conséquence de la spectacularisation du monde, l'indistinction entre le vécu et sa représentation. Que recouvrent ces lieux communs ? Quelles sont les limites du tout fictionnel ?
Certains rapports entre l'architecture et la fiction dans l+e cadre de l'exposition d'art contemporain sont analysés à travers un ensemble d'expositions personnelles réalisées par l'auteur entre 1993 et 2001 mais aussi étendus à cinq paradigmes susceptibles de caractériser la création contemporaine : in situ et readymade, peinture abstraite et performance, pratiques collaboratives.
Dans leurs situations aux marges des fictions canoniques, les fictions artistiques et visuelles viennent nous interroger sur le statut de la croyance et l'importance des niveaux de représentations dans la génération des univers fictionnels. Mais, à travers la multiplicité des exemples qu'il est loisible de convoquer pour exemplifier les fictions artistiques, n'est-ce pas de façon à chaque fois différente, nous mettre dans le passage d'un monde à un autre ? Et gommer un peu à chaque fois la priorité de notre monde ordinaire en l'ouvrant vers une pluralité de mondes possibles ?