Depuis Moïse gravissant le mont Sinaï jusqu'aux conquérants des cimes enneigées, les hauts lieux inspirent un comportement religieux. Là, l'homme aspire parfois à se dépasser, à atteindre l'essence même de son être et, partant, son Créateur.
S'il n'y a pas de religion des montagnes, s'il n'y a pas de déterminisme des hauteurs à l'expression de la transcendance, il semble évident que celles-ci présentent des croyances et des manifestations religieuses originales en Europe. Domaine de prédilection des dieux antiques, de Pan et des Nymphes, des esprits, des géants, des fées et des sorcières aussi bien que de la Vierge, elles se prêtent volontiers à l'accueil d'ermites épris de désert. Elles ouvrent leurs estives aux bêtes et aux hommes par des rites, elles christianisent les passages de cols mortifères et les torrents, comme elles recèlent des « jardins de Marie ». La verticalité minérale, frontière entre les mondes et donc propice aux épiphanies, oscille constamment entre Paradis terrestre et Enfers.
Une trentaine de chercheurs historiens, historiens de l'art, théologiens, sociologues, ethnologues, ont confronté leurs approches. Ils nous livrent le fruit d'une réflexion croisée sur nos montagnes européennes, ils esquissent une comparaison des sociétés et des rites, nous introduisant ainsi à une nouvelle lecture des faits religieux dans notre espace familier.