Du XVIIIe siècle aux années 1960, des milliers de religieuses en Europe ont fabriqué des modèles réduits de leur cellule et de leur couvent dans des boîtes vitrées, des œufs, des coquillages ou des coques de noix. Elles s'y représentaient en miniature, sous la forme de poupées de cire, de silhouettes de papier et de photographies, au travail ou en prière, entourées des objets de leur quotidien minutieusement reconstitué. Elles les offraient à leur famille et à leurs bienfaiteurs, afin de donner à voir leur vie à l'abri des murs du couvent. Si ces petites cellules ont suscité l'intérêt des ethnographes, des collectionneurs et des artistes, comme le poète provençal Frédéric Mistral ou la plasticienne Léna Vandrey, elles ont été peu étudiées, alors même que leur confection était très répandue au XIXe siècle.
À la croisée de l’histoire des femmes, du travail, de la culture matérielle et de l’enfermement monastique, ce livre analyse plus de cinq cents de ces « boîtes de nonnes ». Il dissèque ces objets méconnus, les réinscrit dans leurs contextes de production et examine enfin leurs circulations depuis les monastères jusqu’aux musées et aux collections privées, en passant par les familles des religieuses. Il invite à scruter ces mondes miniatures, et à en percer les mystères, sans en épuiser le pouvoir de fascination.
Contributions de
Gianenrico Bernasconi, Raphaël Bories, Isabelle Brian, Fanny Brülhart, Laurence Caylux, Manuel Charpy, Bernard Dompnier, Pierre-Antoine Fabre, Antoinette Gimaret, Christine Gouzi, Antoinette Guise-Castelnuovo, Nicolas Guyard, Marie-Élisabeth Henneau, Isabelle Heullant-Donat, Bernard Hours, Daniel-Odon Hurel, Anne Jusseaume, Anne Lepoittevin, Marie Lezowski, Élisabeth Lusset, Ève Menei, Nicole Pellegrin, Anna Pellegrino, Thierry Pinette, Julie Piront, Antoine Roullet, Dominique Séréna-Allier, Raquel Sigüenza Martín, Frédéric Tixier, Ghislain Tranié.