Qui connaît Célestine Ouezzin-Coulibaly, Jacqueline Chonavel, Loffo Camara, Marie-Hélène Lefaucheux, Germaine Guillé, Sœur Marie-André du Sacré-Cœur, Jane Vialle, Vicky Cauche, Aoua Keita, Renée Stibbe, Andrée Dore-Audibert, Jeanne Martin Cissé, Gisèle Rabesahala et tant d'autres ? D’Afrique et de France, engagées dans des associations, des syndicats et des partis politiques, elles participèrent au grand mouvement des décolonisations. Ce livre raconte leurs combats pour les droits des femmes et pour l’égalité, interroge la possibilité d’un « Nous, les femmes » malgré les différences de couleur de peau et de culture, les inégalités de statuts et de droits, le racisme et la violence.
Familier du monde anglophone, le terme de sororité est récemment revenu sur le devant de la scène politique et médiatique en France. Célébrée par les féministes, « sœurs politiques » en lutte, la sororité est aussi souvent considérée comme illusoire. À l’heure du féminisme postcolonial et de l’afro-féminisme, ce livre revient en arrière pour décrire les luttes communes mais aussi les rapports de domination entre des femmes blanches, noires et métisses, de la Seconde Guerre mondiale aux premières années des indépendances africaines. Il mêle histoire coloniale de la France et histoire de l’Afrique. Il interroge l’histoire des féminismes et de ses liens avec le communisme et l’impérialisme. Il inscrit l’histoire des mobilisations politiques des femmes d’Afrique dans une dimension transnationale. Au fil des pages, en dessinant les contours d’une improbable sororité au temps du colonialisme et de la guerre froide, il propose une autre histoire des décolonisations.
Introduction
Sous le signe des luttes et du lien
Une autre histoire des féminismes, une histoire des autres féminismes
Quelles Françaises et quelles Africaines ?
Des Africaines dans le monde
Dans l'atelier de l'historienne
Chapitre 1. Et par nos droits séparées… (1943-1945)
À Alger, les femmes « indigènes » n’existent pas
À Brazzaville, le féminisme impérialiste d’une sœur blanche
À Dakar, des citoyennes plus citoyennes que d’autres
La « vaste rigolade du vote de ce que l’on appelle au Sénégal des femmes »
Chapitre 2. Sans distinction de race, de religion, ni d’obédience politique
Paris, 1945 : des femmes du monde entier ?
Résistantes et colonialistes
Chapitre 3. Organisations féminines, droits des femmes et (anti)colonialisme (1945-1955)
Un nouvel impérialisme au féminin
La FDIF : une « internationale des mères »
« Nos sœurs des pays coloniaux » : l’anticolonialisme de la FDIF
Chapitre 4. Les Africaines et la « médiation communiste » (1949-1950)
L’arène internationale : une ressource contre la répression en Côte d’Ivoire
« Nos sœurs de France » : les communistes françaises au Sénégal
Effets retours
Chapitre 5. Agir en femmes de l’Union française. Les « habits neufs » de la mission civilisatrice (1945-1955)
Bâtir l’Union française en métropole : la part des femmes
L’AFUF et les étudiantes africaines en France : former des « ambassadrices »
Dans les colonies, des clubs élitistes au service de l’action sociale
À Bamako, Françaises et Africaines actrices du « développement »
Chapitre 6. La guerre froide des Africaines (1956-1960)
Budapest 1956. Des Africaines à la première Conférence mondiale des travailleuses
Au Sénégal comme au Soudan français, la naissance de nouveaux comités féminins
De Vienne à Bamako, la création de l’Union des femmes de l’Ouest africain (UFOA)
Les dernières années de l’AFUF : maintenir les liens
Chapitre 7. Le soleil des indépendances. Relations franco-africaines et panafricanisme au féminin (1960-1962)
À Addis Abeba, Marie-Hélène Lefaucheux défend son « pré carré »
L’émergence du Conseil national des femmes camerounaises. Entre conflits internes et ingérence française
Les associations féminines en Afrique engagent « une seconde bataille »
Les Africaines et la FDIF. Une collaboration renforcée
Naissance de la « Panafricaine », le temps venu de l’autonomie
Conclusion