« C'est en forgeant qu’on devient forgeron », dit le proverbe, ou « en laquant qu’on devient laqueur » (Julien, Rosselin, 2002). Et peu aujourd’hui remettront en cause le rôle du faire dans le devenir des êtres humains. Ainsi, Pastré (2006), Sennett (2010) et Ingold (2013), pour ne citer qu’eux, affirment respectivement qu’« on apprend en faisant », que « ce que sait la main, c’est ce que fait la main », ou que Making doit être vu comme un processus de formation. Mais qu’est-ce que faire, dans ce contexte ? Faire quoi, avec qui, et avec quoi ?
Avant de devenir forgeron, il aura fallu inscrire le corps dans des rapports particuliers à des matières-matériaux : expérimenter la résistance du réel (Mendel, 1998), apprendre ses effets en situation, transformer ses techniques du corps, leur mise en objets (Julien, Warnier, 1999), incorporer des objets, ne faire plus qu’un avec les outils, le feu, l’espace de la forge (Warnier, 2004).
Ce numéro souhaite interroger, à partir de terrains variés empruntés à des contextes de formation institutionnalisée ou pas, ce processus de rencontre afin de comprendre comment il conduit à la (trans)formation réciproque des êtres humains et des matières.