Selon certaines habitudes visuelles occidentales fixes, le fond s'opposerait à la forme ou à la figure, l’avant au fond. Pour un tableau, une sculpture ou même pour une architecture, le rapport entre le fond et la forme qui s’y découpe révèle un certain ordre du monde symbolique, du moins signifiant. Or, cette hiérarchisation se voit précisément bouleversée aux XVIIe et XVIIIe siècles et l’inscription dans une compréhension du monde n’est plus si évidente. L'instabilité engendrée par ce renversements de valeurs met en lumière l’ébranlement des consciences de la seconde modernité, et cela sur plusieurs registres : spirituel, mais aussi politique ou encore sensible. Cette publication entend cerner la manière dont le questionnement sur la notion de fond dans les arts visuels s’articule à des enjeux plus généraux et propres à la période moderne, dont la sécularisation. Aborder une œuvre par le truchement du fond met donc en lumière grand nombre de ses spécificités.