Les rapports des artistes du Nord à l'antique ont été complexes. Éloignés de la Ville éternelle, ils n'en ont pas moins été très tôt fascinés par l'image qui leur en parvenait. Le voyage à Rome devint peu à peu, au cours du XVIe siècle, une étape obligée dans la formation des artistes français, flamands, néerlandais et allemands. Si tous les artistes ne firent pas le voyage en Italie, les nombreuses découvertes des vestiges de l’antiquité classique – monuments, sculptures et autres objets – furent aussi diffusées dans toute l’Europe par les estampes. En 1605, le peintre et historien de l’art néerlandais, Carel van Mander, souligne ce phénomène. Selon lui, « des fouilles rendirent au jour quelques-uns de ces beaux marbres et de ces bronzes qui vinrent éclairer l’art, ouvrir les yeux de ses adeptes et leur apprendre à discerner le beau du laid par la connaissance de ce qu’il y a de plus parfait dans la création, aussi bien pour ce qui concerne la forme humaine que celle des animaux … ». À partir de six études de cas, menées par des jeunes chercheurs dans le cadre de leur thèse de doctorat, ce volume explore cette présence du modèle l’antique chez des artistes du Nord, au XVIIe siècle, dans des domaines aussi divers que le livre d’emblèmes (Vaenius et les livres d’emblèmes), le costume à l’antique dans les fêtes princières de la cour de Lorraine au début du XVIIe, une iconographie (la figure d’Hermathena dans l’Anvers de Rubens et dans la Haarlem de Goltzius), un Cabinet d’amateurs du Musée des Beaux-Arts de Dijon, l’architecture antique dans les Provinces Unis (ca. 1630 – 1650) et enfin le dialogue instauré entre l’antique et la tradition biblique par Poussin (La Récolte de la Manne, vers 1639).