Dans son maître ouvrage La société féodale, écrit à la veille de la Seconde Guerre mondiale, Marc Bloch avait non seulement souligné la récurrence et l'essor des mouvements de peuples dans les sociétés anciennes, mais également le tournant qu'a représenté dans l'histoire occidentale « l'arrêt des invasions » au Xe siècle.
Dans ce « vase clos » que constitua dès lors l'Occident chrétien, la mobilité des personnes ne cessa pas mais elle revêtit d'autres formes que les auteurs de ce livre, lors des travaux du XLe Congrès de la Société des historiens médiévistes de l'Enseignement supérieur public, tenu à Nice en juin 2009, ont entrepris d'explorer.
Ils ont voulu aussi comprendre le sens et les fonctions de cette mobilité qui connut de profondes transformations, en Occident, entre les IXe et XVe siècles, à l'issue des grands mouvements des peuples et alors que les déplacements collectifs s'inscrivaient dans de nouvelles structures de pouvoir et de nouvelles stratégies sociales. Une première partie fait le point sur l'historiographie des mouvements migratoires (les « grandes migrations » des IVe-VIe siècles) et détaille les processus d'ethnogenèse et d'acculturation qui ont contribué à la transformation du monde antique. Sont abordés ensuite les déplacements collectifs – volontaires ou
contraints, temporaires ou défi nitifs – liés à l'organisation des activités humaines et à l'encadrement des populations, du IXe au XVe siècle. Sont évoquées enfin les différentes formes de circulation des représentants du pouvoir – roi, pape, évêques, abbés, magistrats, etc. – afin d'asseoir leur autorité.