Le feuilleton. Cette forme narrative, toujours ouverte, se développe et ne vit que par ce sentiment contradictoire qu'il provoque en nous de souhaiter connaître le fin mot de l’histoire, et de l’envie que rien ne s’arrête et surtout pas la vie des personnages auxquels nous nous sommes attachés. Peut-être n’a t’on pas assez remarqué que le succès grandissant des séries télévisées tient largement au fait qu’elles ne sont plus, justement, des séries, c’est-à-dire des récits fermés sur eux-mêmes, avec un début et un dénouement, mais des narrations qui comportent une part de feuilleton, au sens où chaque épisode laisse en suspens des questions qui se résoudront par la suite et fait écho à d’autres qui l’ont précédé. De l’écrit au théâtre, du théâtre aux ondes, des ondes à l’écran, grand puis petit… la fiction migre et résiste en se pliant, non seulement aux impératifs de chaque nouveau support mais aux besoins et priorités des sociétés successives. Se posent toutefois, pour l’analyste, de nombreuses questions de réécriture. Les plus saillantes sont discutées par les auteurs de ce dossier.