Au cours des décennies 1970 et 1980, Michel de Certeau a proposé d'introduire les théories psychanalytiques dans le travail de l’historien. De nombreux livres et articles ont salué l’originalité et la fécondité de son œuvre. Ce volume tente de penser, après ce moment « Certeau », la présence, aujourd’hui, de la psychanalyse dans les études historiques. Partant du constat que la psychanalyse ne constitue plus aujourd’hui la discipline miroir avec laquelle les sciences sociales ont longtemps dialogué, il est apparu nécessaire d’interroger cette distance, et de demander à une génération de chercheurs comment ils envisagent aujourd’hui cette relation. Au moment où se constituent les archives de la psychanalyse, alors que la figure de l’historien à la première personne domine, et tandis que les travaux sur les archives ne cessent – l’air de rien – de s’approprier un vocabulaire très largement analytique, reposer la question de ce voisinage a semblé utile pour mieux comprendre comment s’écrit l’histoire aujourd’hui. Selon des modalités d’écriture très diverses, les neuf contributeurs de ce dossier ont ainsi accepté de se livrer à un exercice singulier. Archéologues, archivistes, historiens du contemporain ont repris au sérieux cette question de la psychanalyse en posant noir sur blanc la manière dont elle travaille leurs recherches : ainsi est-elle tantôt objet, tantôt outil, mais elle apparaît parfois aussi comme l’enjeu central de la quête historienne.