Qu'appelle-t-on croyance ? Tout le monde croit-il ? Ce qu’on identifie ici ou là comme des « croyances » relève-t-il d’un genre commun ou au contraire de types différents de pratiques et d’idées ? Au moins deux options sont en présence, qui motivent la composition de ce numéro de Socio-anthropologie. Soit on estime qu’il y a partout de la croyance et qu’il y en a toujours eu ; alors la croyance apparaît comme un invariant transhistorique. Soit, au contraire, la variabilité s’impose, et va jusqu’à l’incommensurabilité. Défendre une telle hypothèse, ce n’est pas seulement dire que tous les individus et tous les collectifs ne croient pas aux mêmes « choses » (les dieux ne sont pas partout les mêmes), mais que la façon de se rapporter auxdites choses peut varier du tout au tout, selon des modes d’une telle diversité qu’on peine à identifier un seul et même « fait social » et qu’on hésite finalement à parler de « la » croyance. La question demeure cependant ouverte de savoir si, donnés comme incommensurables, les genres d’existence et les manières de penser peuvent devenir l’objet d’un « comparatisme expérimental » qui ne renonce pas à construire les termes rendant le rapprochement sensé.