Ce livre déploie l'implicite d’un étrange petit carnet écrit entre 1824 et 1834, intitulé Le Salon imaginaire ou le 20e siècle de Bertrand Barère de Vieuzac, titre posé de la main de son auteur, l’ancien rapporteur du Comité de salut public de l’an II.
Or, que veut, que peut un Salon imaginaire, si ce n’est parler de ce dont il n’est pas question : la Révolution française. Ces 230 notices dans l’esprit des Salon de peinture du temps brassent les époques et les lieux, pour dire sans dire les moments critiques de l’action. L’invention de tableaux à peindre, rarement la reprise d’oeuvres réalisées, permettent de ne rien forclore. L’avenir du passé persiste et nourrit la réflexion sur le tragique de la décision qu’elle soit directement politique ou non. Les situations paroxystiques dans le goût de David, leur présentification mentale évoquent les premiers rôles, les complices et les comparses, presque toujours néfastes dans un entrelacs de métaphores cryptées et d’allégories en action. Les voix du silence permettent d’opposer au présent désespérant, celui de la Restauration, la sensibilité préromantique de la seconde génération des Lumières qui fit la Révolution.
L’horizon d’attente reste celui d’une humanité réconciliée avec elle-même, de là, le renvoi au XXe siècle. Cette rêverie vagabonde d’un des acteurs majeurs de la Révolution permet une authentique page d’histoire culturelle du politique.
Préface
Avant-propos : un corpus singulier
« Il y a toujours quelque chose qui nous parle du passé »
Chapitre I. Le Salon imaginaire ou le 20e siècle de Bertrand Barère de Vieuzac
Le carnet F 114-2
Publier quand même, de l'oralité au per manu
De Bruxelles à Tarbes, le corpus d’une anamnèse
Une écriture de la rature
Des images pour une sortie de scène
À l’origine, une tradition contre-réformée
Inciter l’opinion et non la régir (du statut de la morale en action)
La politique de la mémoire, l’« opinion publique, la postérité, ses collègues »
Chapitre II. Anecdotes morales pour un contre-Salon
L’inchoativité maintenue : présentisme révolutionnaire et morale en action
« Les anecdotes sont aussi la véritable histoire »
Les pinceaux de l’immortel David et de ses illustres élèves
La statuaire : le grand goût et le style sévère de l’Antiquité
La polémique dans le sillage des Salons de 1824 et 1827
La scène du drame : comme au théâtre, le tableau vivant
Chapitre III. Le Salon du proscrit
Marius, Manlius et tous les autres (Riquet, Le Tasse, Menzikoff, etc.)
Telle une plainte, le romantisme de l’infortune, mesure de toute chose
Pour religion, une métaphysique sous inventaire
Par la déréliction, une contre-définition de la polis
Chapitre IV. « Perruques blondes » et capulet noir
Un héritage classique avant de devenir néoclassique
Le rêve de paix et de bonheur : femmes, enfants et salons
Spargite flores tumulo pour mise au tombeau finale
Chapitre V. La vulgate, les guerres de religion et les « pensées de la terre »
Des Bourbons, de la religion et de la Sainte-Alliance
La passion anti-anglaise
Traduire pour savoir sa géopolitique
Le texte Napoléon
Les grands hommes et l’énigme du pouvoir
Le souverain, roi et peuple : la sacralité au filtre de la loi
Chapitre VI. Guerres justes et camps en présence
Courage, peurs et révolutions
La peur ou la loi
La politique, l’opinion et la loi juste
Chapitre VII. Du gouvernement républicain
La calomnie vingt fois répétée
La dramaturgie du temps
Mémoires et fables quand « on ne sait ce que les révolutions politiques veulent… »
De la Terreur au terrible et retour
Peuple/nation et liberté
Chapitre VIII. La « valeur nominale » d’une mémorable époque
Une « éthocratie » intempestive : le drame contre le tragique (passion, passé, passif)
Le drame contre le tragique
L’anamnèse comme réception d’une culture
Lire son temps : identifier une réception culturelle
Chapitre IX. Eros et pathos, quand Barère dit Bertrand
Lire avec Barère pour penser la Révolution ?
Quand Büchner dit Barère
Annexe. Le Salon imaginaire ou le 20e siècle de Bertrand Barère de Vieuzac
Index des noms du corpus