L'hypothèse de base sur laquelle repose cette proposition est la suivante : à notre époque, l'identité sociale du migrant a de plus en plus pris les traits d’une représentation « numérique », dans le double sens que le terme permet. D’une part, les identités des migrants se constituent en relation avec les technologies de l’information et de la communication (TIC) qui jouent un rôle central à tous les stades du processus migratoire. D’autre part, leur identité se constitue également en relation aux représentations « par les nombres » du phénomène migratoire, qui ont un poids décisif dans le débat public. Ces deux dimensions de la représentation et de l’identité du migrant sont conditionnées par des implications socio-anthropologiques décisives et apparemment contradictoires.
En effet, la « numérisation » (au sens de mise en nombre) de la figure du migrant exerce un grand pouvoir désindividualisant, dématérialisant et bio-politique, d’un coté. Mais, cette mise en nombre possède également un potentiel de visibilisation des violences faites aux migrants, de dénonciation et d’empowerment et d’émancipation, de l’autre.