Au tournant du XXIe siècle, l'art du fi lm a connu des mutations profondes et rapides qui semblaient faire de la technologie le moteur de la créativité. Les cinéastes ont vécu une situation nouvelle et passionnante : ils pouvaient puiser à volonté dans plus d'une centaine d'années de matériel argentique, vidéographique puis numérique, et trouvaient à leur disposition un nombre croissant d'outils pour transférer, hybrider, tresser les supports d'images. Simultanément, aussi technicide que technophile, la logique industrielle fondée sur un turn-over à rotation accélérée démantelait des pans entiers de l'arsenal argentique et vidéographique. Comment les pratiques artistiques ont-elles affirmé leur autonomie par rapport aux consignes technologiques et aux commandes sociales ? Comment ont-elles articulé exigence formelle et dynamique d'émancipation ? Cet ouvrage collectif recense les voies et les formes singulières de l'objection visuelle, notion qui renvoie aux différents modes d'actualisation pratique d'une conception du film comme travail critique.
Issu des journées d'études « Cinéma expérimental et histoire » (2007), « Collectif Jeune Cinéma/Festival des cinémas différents. Histoire, conservation et diffusion du cinéma expérimental » (2008), « L'art au temps du numérique » (2009) et des programmations impaKt (conçues par les Trois Lumières) qui se sont déroulées au sein de l'Institut national d'histoire de l'art à l'initiative des chercheurs de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (École doctorale Histoire de l'art), ce deuxième volume de la collection Histo.art associe manifestes et analyses d'artistes, d'enseignants et de doctorants. Une préface du cinéaste Peter Whitehead et une intervention en images du plasticien Ange Leccia enrichissent l'ouvrage.